Au retour de notre voyage de noces, fin septembre 1963, nous nous sommes donc installés dans le “trois pièces” qui voisinait l’épicerie. Il était jusqu’alors occupé par Gaby, ses parents et sa grand-mère veuve depuis quelques années.

 

Lesquels ont déménagé dans un autre logement situé dans la même bâtisse. Propriété de la famille comme l’épicerie, elle était très vaste. Vingt ans plus tard, nous avons pu y aménager dix appartements ! Ce logement était simple et pratique. Une cuisine, une salle de séjour au rez-de-chaussée avec un accès à l’épicerie et deux chambres à l’étage ; la principale donnant sur la place.

 

Treillières n’étant distant de Grandchamp que de quelques kilomètres, effectuer le trajet matin et soir n’était pas un obstacle pour moi. Libre le week-end, je pouvais donner un coup de main à Gaby. Notamment le dimanche matin.

 

Située dans le centre-bourg, l’épicerie était alors ouverte tous les jours de la semaine de 8 ou 9 heures le matin après la messe quotidienne jusqu’à 20 heures le soir. Les rideaux n’étaient baissés que le dimanche après-midi. Plus tard, le magasin a également fermé le lundi.

 

Un oncle de Gaby, François le plus jeune frère de sa mère, qui était de notre génération travaillait alors pour Le pain quotidien, une chaîne qui par la suite a été rebaptisée Unico. Initialement il était prévu qu’il reprenne l’épicerie. Sa femme étant malentendante, il a préféré devenir commercial.

 

 

 

 

 

Mais ils habitaient toujours dans le logement que nous avons occupé par la suite. Du coup, il était sur place pour prendre les commandes de nombre de produits alimentaires et donner des conseils… Lui et son père (le grand-père de Gaby) l’ont initiée au commerce, à la comptabilité, au calcul des marges… Cet oncle a plus tard changé de voie professionnelle. Ayant suivi une formation d’inséminateur, il a déménagé en Vendée. D’abord à Challans puis à Saint-Jean-de-Monts.

 

Catherine, notre aînée, est née le 9 juin 1964, à Nantes, non loin du rond-point de Rennes, à la clinique Jarousse. Cette arrivée, quinze jours en avance, a bien sûr bouleversé notre vie familiale. Travaillant tous les deux, nous avons dû nous organiser dès le retour de Gaby. Les premiers mois, mon épouse a continué à gérer l’épicerie, courant sans cesse du magasin à la chambre du bébé. Elle a finalement préféré renoncer, souhaitant s’occuper prioritairement de l’éducation de Catherine et des autres enfants qui n’allaient pas tarder à venir. Gaby a proposé fin 1964 à Jacqueline, sa dernière sœur, qui résidait encore avec leurs parents de lui succéder.

 

Pourquoi Jacqueline et pas Thérèse ? Née cinq ans après Gaby, la troisième des quatre filles Landais s’apprêtait à s’engager dans la vie religieuse à la suite de sa formation chez les sœurs de Saint-Gildas-des-Bois qui faisaient… du recrutement. Elle fut ainsi institutrice pendant un certain nombre d’années avant d’être assistante sociale. Par la suite, relevée de ses vœux, elle s’est mariée avec Henri Favreau, prêtre qui ayant vécu la même situation avait aussi demandé à être relevé de ses vœux. Thérèse a beaucoup partagé nos joies familiales, nouant des relations privilégiées avec nos quatre enfants.

 

Mais revenons à Jacqueline. Après son certificat d’études, elle avait suivi les Cours Pigier et travaillé quelque mois dans les assurances. Après un temps de réflexion et sous la pression des parents, elle a accepté. Gaby lui a vendu le fonds de commerce. J’ai continué à l’aider à la boutique le dimanche matin.

 

L’ayant modernisée, Jacqueline a tenu l’épicerie jusqu’à sa fermeture définitive en 1970 ; la multiplication des grandes surfaces n’étant pas étrangère à cette décision. Le magasin a alors été transformé en un logement avec trois pièces en rez-de-chaussée, autant à l’étage. Les parents de Gaby s’y sont installés.

 

En 1974,  mes beaux-parents ont fait don de leurs biens à leurs enfants. Une SCI a été constituée entre les six héritiers. J’en ai assuré la comptabilité et la gestion, ayant l’avantage d’habiter sur place. Les parents de Gaby qui demeuraient désormais à l’emplacement de l’ancienne épicerie, transformée en appartement, n’ont pas quitté les lieux.

 

La SCI a réaménagé toute la partie ouest du bâtiment. Cinq premiers logements (il y en aura sept au total) ont été mis en location. Le fruit des loyers a permis essentiellement de régler la maison de retraite de Sucé-sur-Erdre où ma belle-mère a fini ses jours en 2007 plus de trente ans après le décès de son époux survenu en 1974 ; ses enfants se partageant à partir de 1985 le reliquat dégagé. À sa mort, décision a été prise de vendre les appartements qui, en trois décennies, avaient accueilli… une bonne centaine de locataires.