Mr Propre à la mairie

(...) En ce mois de mars 1977, outre de réconcilier les opposants, je me suis d’abord attelé à redynamiser le fonctionnement de la mairie.

Mon prédécesseur, L... B..., un agriculteur qui ayant attrapé la poliomyélite ne travaillait plus raccrochait après plusieurs mandats.

Le garde-champêtre passait certes souvent à la mairie mais surtout pour boire un coup. Un second employé communal était en longue maladie. Quant à la secrétaire, elle refusait de répondre au téléphone par peur ! Non titulaire du poste, elle se bornait à gérer quelques papiers administratifs et à tenir à jour l’état-civil. La comptabilité était inexistante.

Après ce scrutin animé, lors de la première réunion des maires du canton, le percepteur n’a pas perdu de temps. Il n’avait pas la réputation d’être un fonctionnaire facile. Il m’a interpellé à la fin de la séance :

– « Qui c’est le nouveau maire de G... ?

– C’est moi, H... P....

– Et bien vous allez de suite changer de secrétaire ».

Je savais ce qu’il me restait à faire… Un collègue maire m’a signalé que dans sa commune de B...-St-P... vivaient deux jeunes femmes, originaires de la région parisienne, ayant les capacités et les diplômes requis pour assumer cette responsabilité. L’une, mariée, était déjà employée chez lui. Sa belle-sœur qui avait déjà exercé dans une commune d’Ile de France cherchait. J’ai conservé ma secrétaire timide mais j’ai aussi recruté Roselyne à temps partiel. Elle a ainsi débuté partageant sa semaine entre plusieurs mairies.

Dans la foulée, je me suis attaché à revoir de fond en comble la mairie. Ne serait-ce qu’en investissant dans une machine à écrire ! J’ai agencé différemment le bâtiment. Il n’y avait alors qu’une seule porte, pas d’issue de secours. Les carreaux du sol étaient hors d’âge. Le chauffage se résumait à un poêle à charbon. Et j’en passe…Dans la précédente équipe, les conseillers ne faisaient pas grand-chose, ignoraient tout du budget, de la répartition des dépenses... Omniprésent, le maire qui se déplaçait en Solex faisait tout et décidait de tout.

La table du conseil était immense. À l’extrémité, s’entassaient des papiers poussiéreux qui dormaient depuis des mois – pour ne pas dire plus – sans que personne ne les consulte. L’une de mes premières initiatives a été de… brûler toute cette paperasse désormais inutile.

Cet épisode a marqué ma fille D.... Pour mes soixante-dix ans, un quart de siècle plus tard… pastichant la célèbre publicité, elle m’a présenté sur le carton d’invitation comme “le Mr. Propre“ de la commune de G... depuis 1977 !