Au George V
(...) Maman venant en septembre pour les préparatifs, le mariage a été fixé à octobre. Cérémonie civile le 17 à S…..-Q… et religieuse dix jours plus tard à Paris. Le délai étant court, les semaines avant la cérémonie furent très occupées. Avec maman, nous avons été très bousculées. J’aurais aimé que tout cela se passe un peu plus tranquillement.
Mes parents avaient quitté la France depuis huit ans. Ils ne souhaitaient pas inviter le ban et l’arrière-ban, la famille étant suffisamment nombreuse. Ne serait-ce que les dix frères et sœurs de mon grand-père V…...
Comme souvent à l’époque, la messe était le matin à 11 heures. Nous avions pu choisir l’église Saint-Séverin ; l’appartement familial du 27 boulevard S….. dépendant de cette paroisse.
Le déjeuner d’une quarantaine de personnes et la suite des festivités dans l’après-midi et en soirée étaient prévus à l’hôtel George V. Veuve, ma grand-mère y avait un appartement. À ce titre, elle pouvait profiter de la salle à manger. Tout était donc très bien préparé. Les parents avaient établi leur liste d’invités. J’y avais ajouté quelques noms.
Il était écrit que cette journée serait agitée et pleine d’imprévus. La veille, papa nous a réunis pour nous rappeler de ne pas être en retard. Il avait tout orchestré. Les voitures, les horaires de chacun…
Sauf qu’il avait oublié de s’assurer que sa jaquette avait bien été livrée au George V dans sa chambre. En fait, elle avait été portée à l’Ambassador, l’hôtel où il avait l’habitude de descendre… Un commis a eu beau faire vite pour la lui rapporter, nous sommes arrivés avec vingt minutes de retard à la messe.
Claude a eu aussi un contre temps. Il logeait avec ses parents à l’hôtel de la Trémoille près du George V. Il était habillé et prêt à partir à la messe lorsque l’ambassade des États-Unis l’a appelé s’inquiétant d’une erreur sur nos visas que nous devions récupérer dans la perspective du voyage prévu trois semaines plus tard. Il s’est vite changé et a filé effectuer les vérifications nécessaires.
Mon bouquet de mariage qui avait été réservé, n’est jamais arrivé ! La commande n’avait pas été prise. Mme M…-B….., une amie de la famille dont le mari était cadre à la filature, m’a emmenée chez un autre fleuriste qui m’en a procuré un.
Ma robe avait été faite à Paris. Un modèle de Dior, en taffetas de soie avec des manches longues pouvant être enlevées sous des horizons plus chauds. L’apprenant, la femme d‘oncle E…. s’était étonnée que « la petite-fille d’un filateur de coton ne se marie pas en coton » Mais il était trop tard… Mes chaussures étaient à semelles plates car j’étais grande par rapport à C…..
Anita et mes nièces L....étaient mes demoiselles d’honneur. Tout le monde courant après le costume de papa, je les ai habillées. Leurs robes étaient en soierie. A… et M…. V…….(qui a fait pipi pendant la messe) marchaient devant.
Derrière moi, les deux petites sœurs L... tenaient ma traîne. Ph….et F…. étaient également à mon mariage. S….. et H… étaient restés en Argentine. Il faisait suffisamment doux pour que les félicitations qui ont duré une bonne heure, se fassent dans le cloître.
En raison du programme qui nous attendait les mois suivants, nous n’avions pas de temps à perdre. Le soir même, nous avons pris un train en première classe, direction Cannes. Nous avons séjourné une dizaine de jours dans un hôtel. Au programme, beaucoup de visites dans les environs, notamment à Saint-Tropez. Je me suis même baignée en ce début novembre dans la Méditerranée.
Un soir, nous sommes sortis au Palm Beach. Il y avait peu de personnes et nous étions le seul jeune ménage. L’orchestre du casino était pour nous. Je trouvais cela formidable. J’adorais danser. C…. également, surtout le tango. Mais il était tellement timide qu’il n’osait pas être seul sur la piste. Nous avons dansé mais pas trop…
Nous sommes rentrés par la plage. En douce, j’ai versé quelques larmes, me disant que je ne m’habituerai jamais à quelqu’un qui n’aimait pas danser en une si belle occasion (...) .